Because..you've lied to me ! [Ely] [Finish]

L'hiver approche non ? Le temps lui, semble bien dire "oui". Depuis ce matin, depuis le réveil, en haut de cet immeuble, au 7eme étages, au premier regard sur l'extérieur, sur les façades des autres bâtiments surplombant la ville, Nathan a vu les nuages, gris, menaçant, et cette fine plus, tombant déjà sur cette ville. Grise. *Bonne journée Nat' !* Aujourd'hui, nouvelle journée, mais rien d'autre de nouveau. Ce matin, les mêmes gestes, comme les autres jours. La main frappe ce maudit radio réveil. Et directement, il se lève, s'étire, et prend la direction de la douche. Une douche, un petit déjeuner, dans ce petit appartement, un petit cocon, bien chaud. Sur le plan de travail, séparant le salon de la cuisine, non loin de sa tasse de chocolat fumante, se trouve une photo, celle d'Emma. Deux ans ? C'est long, et pourtant, il peut encore sentir sa présence. Mais aussi cette douleur. Cette photo, qu'il regarde chaque jour. *Je ne t'oublie pas* Et déjà il se relève, s'empare des dernières affaires avant de prendre le chemin de l'université. Il ferme cette porte. Et descend à pied, les étages de cet immeuble, malgré l'ascenseur. Son sport du matin. Voilà un mois qu'il se trouve dans cette ville. Un mois, qu'il fréquente l'université. Et aujourd'hui, tout n'est pas encore terminé. *Inscription à la bibliothèque, inscription à l'équipe de football ?*

Le voilà, marchant sur ce trottoir, recevant sur son visage la fine pluie. *Welcome in Seattle !* Il marche, seul, comme depuis deux ans. Ici à Seattle, il n'a personne. Aucune rencontre, aucune connaissance. Sa bande de Austin lui manque. Était-ce une bonne idée cet exil dans une nouvelle ville, pour un nouveau départ, pour une nouvelle vie ? Pour le moment, faux départ. *Tu fait du surplace Nat' !* Depuis son arrivée, il ne donne aucune nouvelle à ses parents, à sa famille. L'éloignement, le détachement. Seul les appels des amis de l'équipe d'Austin lui permet d'avoir un contact avec son ancienne ville. Ici, il ne redémarre rien. Finalement, ce n'est pas le but de sa venu ici. Reprendre un cursus d'étude, avoir un diplôme. L'éloignement, c'était juste pour permettre à Nathan de se remettre plus facilement. *Connerie* Son visage se crispe sous la pluie, tandis que d'une main il remonte doucement sa veste de sport. Cette veste, celle de l'équipe d'Austin. Ce n'était certainement pas la meilleure idée le jour de l'inscription à celle de Seattle. Qu'importe. Dans son autre main, une pochette, avec un stylo. La panoplie de l'élève modèle ? Il ne sait pas combien de temps dure le trajet, entre son appartement, et l'université. Qu'importe, il ne compte pas. Sa journée sera courte. Quelques heures de cours, plus les inscriptions. Et après ? Ici, il n'avait pas encore d'occupation. A Austin, il n'y avait pas toujours d'occupation, mais ils étaient en bande, ce petit groupe d'ami. *Austin, Austin, Austin*

15h42 Sa journée se termine. Les cours, c'est fait. Inscription bibliothèque, idem. Inscription au sport ? Impossible de trouver l'endroit. *La poisse* Et maintenant ? On rentre à l'appartement ? On zone en ville, tout seul ?! *Non* Partir à la découverte des bâtiments ? *Non* Alors que dans sa tête, le choix ce fait peu à peu de reprendre la direction de l'appartement, de prendre une bière, et de se mettre devant la télévision, il se perd, dans les couloirs, les escaliers, de ce bâtiment imposant. Distrait. Descendant, de nouvelles marches, qu'il n'avait pas souvenir d'avoir grimper auparavant, il poursuit tout de même son chemin. Devant lui, ce panneau. "Sous-sols strictement interdit aux étudiants" Efficace. D'une main, il pousse cette porte, qui s'ouvre facilement. Interdit, mais ouvert. Il se dirige dans cette zone, qui ne semble pas pourtant déserte. Ici est là, des pièces, avec un arrière gout de vie, un repère peut-être. Étrangement, il se sent à l'aise ici, lui rappelant les endroits lugubres et sombre qu'il avait l'occasion de fréquenter avec sa bande. Ici, la lumière du jour rentre par de petites fenêtres à la limite du plafond. Suffisamment pour voir tout en restant sombre. Au détour d'un virage, il tombe nez à nez avec une silhouette. Un sursaut, un instant, pour faire le point. Un instant pour avoir en souvenir cette fille. Cette française. Son prénom ? *...*Un instant, il se pose la question. Que fait t'elle ici ? L'autre instant, il comprend. Le mensonge. Si elle était ici, c'est qu'elle n'était pas de passage, comme elle le prétendait la semaine précédente, lors de cette première rencontre dans un bar de la ville. Mensonge. Elle s'était jouer de lui. Une chose que le jeune homme ne supporte pas. Une seconde, qu'il lâche sa pochette, et attrape le bras de la jeune femme. Cette jeune française de passage. *C'est ça !* Il lui serre le bras, l'accompagnant de son corps contre le mûr, plongeant son regard dans le sien. Juste, lui faire peur.

- Qu'est ce que tu fout ici ? Agressif. Tu cherches ton avion ?

Les couloirs sont sombres, l'air humide, comme dans le reste de la ville, et pas une âme dans cet endroit. En tout cas, à cette heure-ci. Quant on y pense, les sous-sols feraient un endroit tout à fait intéressant pour des rassemblements clandestins, en petit groupe, entre amis, juste pour avoir un repère, loin des yeux de ce monde. C'était une certitude, avec sa bande d'Austin, ils auraient fait de cet endroit une de leur zone. De longs couloirs, et de grandes pièces, ainsi que de plus petites, aménageable, ou déjà bien fournis, directement prête à accueillir les vagabonds de passage dans ces lieux. Finalement, c'était peut-être ce qu'il était. Un vagabond de passage. Peut-être que son inscription ici n'était qu'une erreur, une fuite de sa vie qui l'attendait pourtant dans son ancienne ville, auprès des gens qu'il connaissait déjà. Et pas ici, où il était encore plus seul. *Mais ça fait juste un mois que tu es là, laisse toi le temps* Régulièrement, le soir, en entrant chez lui, en haut de cette tour, regardant par la fenêtre la ville devant lui, essayant au loin de s'imaginer Austin, il avait cette envie de repartir. Peut-être nostalgique. Mais nostalgique de quoi ? de qui ? Être ici, à Seattle n'était pas une mauvaise chose, reprendre les études, c'était nécessaire, et il le voulait. Il lui fallait juste ce temps d'adaptation. Prendre ses marques ici. Faire connaissance ? Les couloirs sont sombres, et il marche sans but. *On rentre ?*

Mais, autre chose de prévu, une rencontre, au détour de ce couloir, ne sachant vraiment s'il prenait à ce moment là la bonne direction pour sortir de ce labyrinthe. Et cette fille. Cette française, rencontre d'un soir pour une discussion dans ce bar, un soir de petite déprime. Un soir où toutes les blondes lui rappelle Emma, une de ses soirées qu'il aimerait ne plus revivre. Et cette jeune femme, blonde, un peu rebelle dans l'âme, comme pouvait l'être sa fiancée, qui n'était plus, cette jeune femme, qu'il avait prit en affection pendant cette soirée. Elle devait être fiancée, et repartir prochainement en France. C'était son premier véritable contact dans cette ville. Mais ce contact ne devait être que de passage. Et pourtant, elle était bien là, devant lui. *Aucun doute* Toute son histoire n'était donc rien. Un tissu de mensonges. Mais pourquoi ? Elle était qui elle, pour ce foutre de lui de cette manière ! Elle devait l'avoir vu, un nouveau, un peu perdu dans cette ville, arrivant tout droit d'on ne sait quelle ville, avec son air de mauvais garçon. N'offrant qu'un regard distant. Elle devait être une de ces filles, certainement, fier de sa personne, dans un groupe d'autres filles du même genre, traînant avec un groupe de gars, certainement ceux d'une des équipes de l'université, ce jouant du nouveau. Mais là, elle était seule. *Welcome !* Il l'agresse, il l'écoute. Il l'observe. Qui est elle ?

Elle joue d'abord. Il ne lui manque plus que le rire pour énerver encore plus Nathan. Elle, elle sait tout de lui. Lui, ne doit donc rien savoir. *Tu veux jouer ?* Il ne lâche pas sa prise, malgré cette demande. Elle fait la forte, et le regard qu'elle lui lance n'est pas pour lui plaire, serrant un peu plus sa prise, alors que son autre main se colle brusquement sur le mûr, non loin du visage de cette jeune femme. Il l'emprisonne. Au fond, il ne lui veut aucun mal, juste lui faire peur, juste la voir abdiquer. Dans ce couloir humide, ils ne sont pas dans ce bar. Elle s'est jouée de lui, à son tour. Le regard qu'il lui donne en retour vaut toutes réponses. Non, il ne la lâche pas, non il ne lui rendra pas son bras. Il sait que toute son histoire n'est que du vent.


- Austin ? Dis donc, tu gardes tout en mémoire ! J'ai perdu le chemin moi aussi, tu y crois toi ?

A vrai dire, à cet instant, il serait bien mieux à Austin. Il la regarde un instant, lui serre son bras encore plus fort, voulant voir sur son visage ne serait-ce qu'une pointe de grimace, celle de la douleur. Elle lui rappelait encore Emma, ne lâchant rien, à la limite de l'arrogance. Il la lâche finalement, après l'avoir appuyé plus fortement contre le mûr. Qui est donc cette jeune femme ? Une envie, celle de la détester à cet instant, mais ce n'était pourtant pas vraiment le cas, étrangement. A Austin, c'est lui qui jouait ce genre de tour. Il se retourne. Essayant au maximum de garder cette colère. Il regarde d'où elle vient, au loin, comme s'il pouvait y avoir quelqu'un. Il regarde d'où il vient. Personne. Qu'est ce qu'elle fait là ? Il se retourne vers elle.

- C'est quoi ton petit jeu ? C'est quoi ton problème toi ?

Il laisse sa pochette à terre, il donne l'impression de faire les cent pas. Son agacement est palpable. Et pourtant, il ne devrait pas. Il devrait ne pas y accorder d'importance. Elle était une menteuse. Accorder de l'importance à cela, c'est certainement ce qu'elle voulait. Il devrait ignorer, lui ficher la frousse et partir. Elle avait certainement bien ris de cette soirée, qui dans la forme n'était pas si mauvaise. Une soirée de faite aussi pour lui. Et pourtant, visiblement ce n'était pas le cas. Lui faire peur, du coup, il le voulait. Une vengeance peut-être. C'était aussi son caractère. Ne pas ce faire marcher dessus, surtout pas par ce genre de fille. Elle doit se croire belle, elle doit croire être populaire, croire que tous les garçons veulent d'elle ? Manque de chance, Nat' ne la connait pas. Il avait pourtant eu envie de la connaitre, c'est vrai. Et là devant lui, elle lui inspire bien plus que de la colère, et que cet esprit de vengeance gratuite, juste pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Il y autre chose, et cela le dérange, le gêne. Le pousse presque au rejet.

- Alors ? ça te prend souvent toi ce genre de petit jeu ? Elle est où ta bande qui te tournes autour d'habitude ? Tu es quel genre de fille au juste ?

Il ne fait attention à son petit refrain, il a l'impression qu'elle se montre, elle joue encore son petit jeu. Elle s'est cru dans un film, raconte le genre d'histoire qui passe dans les faits-divers des journaux de la ville. Tout cela l'agace. *Tu veux être l'actrice de ce genre de chose ?* Elle ne semble pas réagir plus que cela à la pression de Nathan. Et pourtant, il sent bien qu'elle n'est pas insensible, la douleur est forcement présente. Qu'importe, il lâche la prise. Il n'aura pas eu ce signe, cette expression sur le visage. Mais il n'en avait pas besoin ! Ce n'est pas ce qu'il voulait, bien évidemment. *Mais qu'est ce qui me prend* Son histoire passe à la trappe. Aucune réflexion, il ne relève pas. Il se rend compte, que son comportement n'est pas des plus normal . Il s'en rend bien compte. Cette fois, peut-être plus que les autres fois. Les coups de colère, ce ne sont pas les premières, s'en prendre aux gens non plus, parfois sans véritable raison, juste dans le mouvement de groupe. Mais cette jeune femme, devant lui. Ce qu'elle avait fait lui valait t'elle réellement ce genre de traitement dans les sombres couloirs de ces sous-sols. Tout cela était peut-être trop. Pourquoi cette soudaine envie, au détour de ce couloir, de lui faire peur, et de lui faire regretter tout ces mensonges. *Cela ne tient pas debout*

Il essaye de remettre les pieds sur terre. Tourne en rond. Partir sans rien dire, mystérieusement, comme s'il avait juste eu envie de lui mettre ce coup de pression, avec comme simple excuse les mensonges de l'autre soir. *Non* Il déteste sa façon d'être à cet instant, avec cette envie, de reprendre son bras, et de la pousser encore un peu plus contre le mûr. De lui dire de se taire ! Les sélections de l'équipe de football, il ne les avait plus en tête. Demain. Se sentir seul ? Cette discussion qu'ils avaient eu ce soir là, à ce bar. Les souvenirs d'Austin, sa petite bande d'amis. Les soirs de match, les soirées. Et la différence avec ici, lui, plutôt seul et encore perdu dans cette ville. Ce soir là, il s'était ouvert à cette jeune femme. Peut-être justement parce qu'elle était de passage. Des confidences, qu'il regrette maintenant. Tandis qu'elle, les utilises. Frustration ? Ce n'est pas cela non. Il n'en a aucune. La frustration, ce n'est pas cela, ni dans la vie qu'il mène ici, ni dans cet instant. Perdre les nerfs, c'était simplement ce qu'il subissait à cet instant. Il déteste sa façon d'être. Il ne comprend pas pourquoi. Lui, habituellement, si indifférent aux gens qu'il ne côtoie pas. Ces gens, qui ne sont pas de son cercle. Pour lui, il était si simple de dire aurevoir, et d'oublier. Mais là c'était différent. Une part de lui en voulait à cette jeune femme. "Axelle". Comme un éclair, lui revenant en tête. Mais ce n'était certainement pas son prénom. *Mais pourquoi ?* Au fond de lui-même, il le sait. Mais il ne se l'avouera pas. Il est en colère, lui en veut. Pour les mensonges, pour s'être jouer de lui de cette manière. Parce qu'elle ressemble à Emma. Peut-être pas physiquement, mis à part ses cheveux, et ses yeux. Mais dans son comportement. Le même comportement que pouvait avoir Emma, ce comportement qu'il déteste à cet instant à cause de cela. Parce qu'Emma seule savait un tas de chose sur Nathan, sur ce qu'il pouvait ressentir. Et que Nathan s'était découvert face à cette inconnue, presque de cette façon, en lui avouant ce mal-être d'être ici, loin d'Austin.

Il la regarde de temps en temps, alors qu'elle sort cette cigarette. *Les mûrs ce rapprochent où c'est une impression ?* Cette envie, de lui prendre, et de l'éteindre. *Respire* Ou d'en prendre une bouffée. Alors qu'il ne parle toujours pas. Il l'écoute. C'est un grand mots, alors qu'il ne prend d'elle qu'une phrase par-ci par-là. Ne lui montrant pas en apparence un grand intérêt à ce qu'elle raconte. Alors qu'une fois encore il s'emporte, se plantant devant elle, lui plongeant son regard dans ses yeux, alors que tout cela le déstabilise. Elles ont les mêmes yeux.

- Parce que pour toi, c'est une agression ? Tu es bien loin du compte ! Estimes que tu as de la chance d'être une femme, et aussi que..oublie !

Nouveau geste d'agacement, alors qu'il se retourne. S'écarte un peu, ne lui offrant à la vu que son dos. Un mots arrive à ses oreilles. Les cheerleaders. Et un autre souvenir aussi. Emma aussi avait le même refrain sur ce genre de fille, tournant sans cesse autour des garçons de l'équipe. Évidemment, il les connaissait bien. Évidemment cette française ne ressemblait pas à ce genre de fille. Même si, il avait l'impression pourtant que dans sa manière d'être, elle avait quelque chose d'elles. Ce côté perfide, manipulateur, avec l'envie d'être au devant de tous. C'était sa première impression, certainement fausse. Il s'abaisse, ramasse sa pochette. Puis, de nouveau il se tourne vers elle, s'adossant à quelques mètres d'elle, sur le mûr opposé. Il aimerait à cet instant être avec sa bande, et ne jamais avoir eu à croiser cette jeune femme. *Si seulement* Il l'observe, à son tour, la toise.

- Tu sais, avec ce que j'ai vu de toi, j'ai l'impression qu'il ne te manque plus que la mini-jupe pour avoir l'impression d'avoir en face de moi une pompom !

Un doute, le traverse en cet instant. Que faire. Une envie, de dire simplement "excuse-moi", de partir ensuite. Il n'avait pas envie d'un bras de fer avec cette française, pas maintenant. Elle n'y était pour rien certainement. Si elle avait envie de s'inventer des vies, c'était son problème à elle. Mais il ne lui dira pas. Il se relève doucement de ce mûr humide, s'approche d'elle, toujours cette cigarette à la main. Il lui retire. Elle n'oppose aucune résistance. Il la porte à la bouche, une bouffée, puis une deuxième, alors qu'il se détourne d'elle, comme s'il ne pouvait avoir son regard dans le sien. *Idiot* Cette cigarette, qu'il lâche ensuite à terre, sans prendre la peine d'y porter le talon. Sans une once d'ironie dans la voix, lui tournant à nouveau le dos, d'un ton sérieux, peut-être provocateur, il reprend.

- Ta vie est donc si misérable que tu t'en inventes une nouvelle auprès des gens que tu croises ? Tu as besoin de rêve ?

Il observe les environs. Une pièce, non loin de là, avec en son centre, un canapé, d'un âge certain, mais offrant toujours un appui. Dans cette pièce, il ni a rien d'autre. Cette pièce est sombre. Encore plus que ce couloir. Une seule petite fenêtre, à la limite du plafond, crasseuse. *J'en ferais bien mon repère !* Il n'attend peut-être aucune réponse. Il avait juste un désir, reprendre son souffle. Ne pas lui paraitre comme affecté par cette situation, cette soudaine colère, cette emprise. Il s'avance vers cette pièce, restant sous l'embrasure, regardant à l'intérieur.

- Qu'est ce que tu fais ici ? T'es pas au courant que c'est interdit ?

C'est bien ça oui. Lui, ne savait vraiment rien d'elle. Juste cette première impression, certainement fausse, qui en tout cas, n'était pas du gout de la jeune française. Il ne savait rien. Même pas son prénom. Peut être qu'il y avait dans son mensonge sur sa vie, cette vie qu'elle c'était inventé l'autre soir, juste par plaisir, parce qu'il n'y avait rien d'autre à en retirer, juste pour le tromper lui, dans cette histoire, peut-être y avait t'il tout de même quelque chose de vrai. Impossible de le savoir. Pour lui, maintenant, tout était faux. Il était sur ses gardes. Il ne savait rien d'elle. Et pourtant, il voulait savoir. Ce n'était pas qu'elle l'intriguer à un point qu'il avait besoin maintenant de savoir sa vie réelle, pour savoir la raison qui la pousse apparemment à travestir sa réalité, sans raison apparente, sans recherche d'attention ou d'intérêt de l'autre. Non ce n'était pas ça. Il avait toujours au fond de lui, ce sentiment d'affection pour elle, dérangeant, mais présent. Il avait envie de la connaitre. De la connaitre, mais il y avait encore cette crainte qu'elle lui mente et qu'elle joue encore de lui. Il était distant maintenant, non plus agressif. Un animal, blessé, alors qu'elle n'est responsable d'aucun véritable mal. Il observe, apprivoise. Ou se laisse apprivoiser. Il en sait où il en est. Mais il reste, aucune envie de partir. Dans cet endroit, à cet instant, il est bien. La présence de la jeune femme y est t'elle pour quelque chose ?

Il est toujours là, contre ce mûr, regardant parfois la jeune blonde, parfois la pochette qu'il a entre les mains. Seul indice qui montre éventuellement sa présence ici pour les études. Il essaye d'être blessant. Comme pour voir ses réactions. Mais bientôt, il abandonnera cela. Une chose, encore, au fond de lui. Un sentiment. Non pas de la pitié, ni aucune sorte de compassion. Cela n'est pas de son habitude. Pas de détachement là, comme depuis le début. Il sent bien qu'il n'a aucune véritable envie d'être méchant avec cette femme qu'il ne connait pas. Non pas parce qu'aucune raison le pousse à être ainsi. C'est autre chose. Il relève la tête, alors qu'elle répond, à cette phrase, méchante, gratuite. Elle n'est pas méchante en retour, alors que dans sa voix, elle essaye d'avoir la même attitude que lui. Une autre question, comme pour fuir la sienne. Ne pas répondre. Il n'en attendait pas moins. Elle ne se dévoile pas. *Injuste* Lui, est déjà à découvert. Lasse, il répond.

- Il y a bien longtemps que je ne rêve plus.

D'une façon, encore, il se dévoile. Et regrette déjà, peut-être. Alors qu'il est maintenant devant cette pièce. Dans sa tête, se n'est pas un rêve de voir sa bande ici. *Non* Ou alors, seulement en apparence, encore. Apparence, toujours. Nostalgique. Non, il ne rêve plus. Sa bande n'est pas là, c'est ainsi. Mais peut-être qu'une de ces pièces, de ce sous-sols, sera un de ses lieux de chute. Qui sais ? Tout ce qui est interdit est attirant ? Quelle est cette attraction qu'il a pour cette pièce. Cette pièce, ou encore une fois, la présence de "Axelle". Un frisson, lui parcourant le dos, alors qu'elle passe là, tout prêt de lui, le frôlant, pour prendre place dans cette pièce, loin d'être attirante. En apparence, encore. Elle ne prend pas la fuite. Pourquoi ? Elle n'était pas ici pour être contre l'interdit. Elle avait le besoin de trouver quelqu'un. Il n'était pas cette personne. *Évidemment* Et lui, qu'est ce qu'il fait ici ? Cette question lui traverse l'esprit, quand il entend la réponse de la jeune femme. Lui n'avait aucune raison d'être ici. Et elle ? Chercher t'elle vraiment quelqu'un ? Il la regarde, évoluant dans la pièce. Son regard, sur elle. Un instant, il se fait la réflexion, espère qu'elle ne se rend pas compte de ce regard. Attendrissement. Alors qu'il reprend le dessus, essayant de faire la chasse à cet impression. *C'est quoi ça ?* Elle lui donne finalement son prénom. *Ely* Elle précise, en vrai. Mais pourtant, dès le début, il avait su que ce prénom était vraiment le sien. Il n'avait pas de doute là. Elle n'était pas en train de lui mentir. Mais était t'elle en train de jouer, à rester là ?

- Non Ely, insistant sur ce prénom apparemment, je ne suis pas celui que tu cherches, la déception est..palpable !

Alors, à son tour, il s'avance dans cette pièce, un peu plus. Il tourne, aussi, autour de ce canapé. *Il faudra en prendre un autre* Sa marche l'éloigne d'Ely. Il ne s'approche pas. Reste loin, comme le ferait deux proies, s'observant mutuellement. Il lâche enfin sa pochette, sur le canapé. Le mouvement entraîne un nuage de poussière.[/i] *Pourquoi je reste ici moi ?* Il n'est pas utile, qu'il lui redonne son prénom. Elle en sait déjà beaucoup. Beaucoup à son goût, pour une fille qui n'est pas seulement de passage. Mais il regrette, sa réaction. Cet emportement. Mais pour lui, impossible de dire pardon. Ni maintenant, ni plus tard. D'ailleurs, y aura t'il un plus tard. Il ne comprenait pas pourquoi elle était encore là, après ce qu'il venait d'y avoir. Elle ne semblait pas le fuir. Était-ce son côté fier, déplacé, une nouvelle provocation ? Il recula, de ce canapé, au centre le cette pièce vide. Il se rapproche de la porte. Il a une envie, étrange, qui le dérange aussi. Celle de ressentir la présence d'Ely. *C'est idiot* Il le sait. Il regarde cette porte, qui n'est plus. Partir ? Non, il n'avait pas envie de partir. Pourquoi ? Non, ce n'était pas être fier, et ne pas vouloir lui donner cette impression, d'abandon, dans une lutte, qui n'avait d'ailleurs pas lieu. Ou plus maintenant. D'une voix, qui se fait plus douce, il se retourne, sans pour autant posé ses yeux sur elle.

- Je ne sais pas si je suis réellement enchanté..Ely.

Ou pas. Non, parfois il faut faire avec ce que l'on a pas. Ou plus. C'était le cas de Nathan. Cette phrase, cette réponse d'Ely, c'était comme un déclic pour lui, dans cette pièce sombre, vide de tout, ou presque. Entre quatre mûrs. C'était comme dans une boîte finalement. Et le parallèle et tout de suite fait. Non, on ne fait pas avec ce qu'on a. Voilà deux ans que lui faisait sans. *Ou pas* Faire sans, on ne peut pas dire qu'il en avait fait l'apprentissage. Même avec le temps, cela reste aussi difficile. Certains jours, tout va bien, et on pense que le lendemain ira aussi. Et puis quelque chose fait que non. Le fameux, ou pas. Et cette photo, cette bague qu'il trimballe avec lui, sans cesse, dans son portefeuille. Le souvenir. Il ne faut pas oublier, il faut vivre avec. Ou sans. Il parait oui. Il pourrait lui dire tout cela, à cet instant. Lui dire encore, abattre cette chose qu'il garde en lui, comme se mettre à nu devant elle, avec la blessure qu'il a en lui. Juste pour voir, si avec ça, elle trouvera encore de quoi sourire. Mais bien entendu, il n'en dira pas un mots. Elle, elle en sait déjà bien suffisamment sur lui. Pas qu'il existe un ratio, entre ce qu'il devrait savoir d'elle au vu de ce qu'elle savait, mais juste parce qu'il n'avait pas l'habitude de l'ouvrir autant face à ce genre de personne. Elle était encore une inconnue. Bien qu'il savait au fond de lui, qu'il y avait quelque chose de différent. *Ce sont des apparences !* Ne pas se prendre au piège. Se faire une autre vie, lui aussi des fois voudrait bien. Mais non, il ne rêve pas. Non cette Ely, n'est pas une fille écervelée et incipide. Il y a une saveur, particulière. Et cela, lui fait peur.

Non, il n'est pas particulièrement enchanté. Vous dire que la situation était tout le contraire, serait un mensonge. Non. Il y avait là encore quelque chose d'étrange. Cette envie d'être là. Et de poursuivre la découverte. Non pas des lieux, de ces sous-sols, qui pourtant serait très certainement une découverte intéressante, bravant cet interdit. Non, la découverte d'Ely. Il reste froid, garde les distances. Protection. Il se force presque, à ne pas la regarder. Mais quand elle reprend la parole, ses yeux se tournent sur elle. Histoire de forêt. *Tu fais de l'humour ?* Il n'esquisse aucun sourire. Autant sur la forme, que sur le fond. Il garde ses distances, et ne rentre pas dans cet humour. Il s'avance à nouveau dans cette pièce, avant de venir prendre place contre le mûr. Une façon de lui dire, je reste là. Si elle voulait partir, elle était libre. Mais si elle s'en allait, il ferait certainement de même, par un autre chemin. Ne surtout pas lui faire croire qu'elle avait là une importance particulière. Même si au fond, c'était le cas. Mais avant ça, avant qu'elle ne fasse son apparition, dans un hasard des plus total, ou peut-être des plus suspects, si l'on prend en considération, qu'il ne savait rien d'elle, à part cet intérêt pour le mensonge. Lui, il foutait quoi ici ? Réellement ? *Je fais quoi ici ?* Deux solutions de réponse. Il reste froid. Ou alors, essaye de s'ouvrir. Il la regarde. Et sans faire de véritable choix, il répond. Sa voix contraste toujours.

- Parce que ça t'intéresse réellement ce que je peux faire ici ?

Un instant il regrette. Comme si cette phrase avait le pouvoir de mettre entre eux un mûr supplémentaire, coupant toutes communications. Un regret, une appréhension, de la voir partir à cet instant. Alors que, si elle partait ? Il ni aurait pas réellement de conséquence ? *Pourquoi ?* Il reprend alors. Comme pour faire une correction de ce qu'il venait de dire.

- On va dire..que je me suis perdu.

Ce n'était pas un mensonge au final. Et cela était certainement suffisant comme réponse. Il pose son regard sur elle. Il ne sait pas ce qu'il recherche. Il ne sait pas s'il veut croiser le sien, pour un instant, essayer de voir ce qu'elle pense. Dans cet endroit sombre, il est difficile de voir réellement ce qu'elle pourrait ressentir à cet instant. Le jeu des ombres, l'imagination, vous ferais voir ce qu'elle veut. Mais lui, que voudrait t'il voir ? Il se relève légèrement du mûr, et sans se rendre compte, son regard ne la quitte plus.

- Non, je ne cherchais personne moi.

Ça l'intéresse. Pour une surprise, cela en est presque une pour Nat'. *Vraiment ?* Mais il ne répond pas, et son air surpris n'est certainement pas perceptible dans cet endroit. Encore, une fois, il a du mal à croire cette réponse. Dans le ton de la voix de cette jeune femme, Ely, il se demande si tout cela l'intéresse vraiment. Si ce que raconte Nat' l'intéresse vraiment. Si Nathan l'intéresse, ou si la présence d'Ely ici n'est autre qu'un moyen supplémentaire pour elle de faire en sorte que le temps passe plus vite, entre deux cours. *Est-ce réellement important ?* Une part de lui, lui répond que non, ce n'est pas important. D'ici quelques minutes certainement, elle ne sera plus là, comme ce soir là, lors de cette première rencontre. Et peut-être que d'ici quelques jours, il apprendra encore que tout ce qu'elle avait pu lui dire, lors de cet après-midi pluvieux, dans les sous-sols de l'université, était encore un mensonge, simplement. Sauf que maintenant, il y avait une différence importante. Comme un nouvel élément dans le jeu de cette jeune française. C'était que Nathan était là, dans cette même université, connaissant ce petit jeu. Peut-être un soulagement. Peut-être ne serait t'il plus la proie de ces mensonges. Mais paradoxalement, une crainte. Qu'elle ne s'intéresse donc plus à lui, s'éloignant de lui, puisqu'il ne pouvait plus être un élément de son jeu. *Tu es complètement taré Nat'!* C'était le mot, oui. A cet instant, il se perd lui même dans cette réflexion absurde, qui ne le mène nulle part. Il se demande un instant, si cette cigarette était de ce qu'il y a de plus légale, avant de reprendre ses esprits, évitant toutes interrogations sur cet état qu'il ressent.

Toujours dans cette pièce, qui s'engouffre encore plus dans les ténèbres, alors que le ciel dehors semble être toujours plus gris, l'humidité palpable, aucun de ces deux jeunes gens ne semblent vouloir sortir. Est-ce réellement le fait de sortir, ou simplement, être le premier annoncent ce départ. Une autre éventualité pourtant pour lui, pour Nat'. Ne pas partir, le premier, parce qu'il n'existe aucune raison pour qu'elle le suive. Et lui, n'avait pas envie d'interrompre ce semblant de discussion. Toujours, se cherchant l'un l'autre, ne sachant réellement s'il fallait abattre cette proie, ou bien s'il fallait s'ouvrir, et comme un symbole, tendre la main. *Je disjoncte* Tout cela l'intrigue. La vision lui joue des tours alors que la lumière baisse. Comme si cela avait également un impact sur ce qu'intérieurement il pouvait vivre. Il regrette encore, cette presque violence dont il avait fait preuve. Et sa voix douce, dont il usé maintenant, malgré la distance qu'il s'efforçait de garder, comme si à cet instant, il avait encore envie d'être comme ce soir là, au bar, devant ce verre, à ses côtés. Un inconnu. C'est ce qu'il était pour elle. *Non* C'était faux, inconnu, il ne l'était pas. Pas vraiment pour elle, contrairement à ce qu'elle était pour lui.

- On pourra pas dire que je sois totalement inconnu pour toi.

Froid maintenant, à nouveau. Alors que déjà, intérieurement, il regrette cette prise de parole soudaine. Étrangement, encore, cette Ely lui inspire de la douceur. Contraste avec ce qu'il est lui-même, avec ce qu'il montre. Ce qu'elle lui inspire, une seule autre personne avait eu ce pouvoir, et cette chance de le voir ainsi. Ailleurs, dans le monde, dans ce rôle qu'il joue en société, il est loin de cette image, et ne l'inspire pas non plus. Peu de personne ont eu cette envie d'être intéressé par le genre de personne qu'il représente. *Et puis quoi encore, tu va te plaindre ?* Elle soupire, lui, son regard toujours sur elle, alors qu'il essaye justement de décrypter cette attitude. Lasse, certainement, alors qu'il appréhende la suite. Lui dire au revoir, maintenant, c'était à ses yeux comme du gaspillage. *Quoi ?! Maintenant, après tout ça ?* Incompréhensible, certainement idiot même. Elle n'est pas perdue. *Moi, si* Mais ce n'était pas seulement géographique chez lui. Alors de cette voix, douce aux oreilles du jeune homme, elle propose, de le ramener, dans ce monde extérieur.

- Vraiment ?

Comme s'il attendait une nouvelle affirmation, comme pour enlever tout doute à un mensonge, qui n'aurait ici aucun sens. *Elle n'est pas seulement menteuse !* Une claque, à lui même, alors qu'il sait qu'elle dit vraie. Et sans attendre, il reprend, comme pour oublier rapidement cette question.

- Pour dire vrai, je ne me plains pas d'être ici. *Avec toi, je veux dire* Chose, qu'il se garde d'énoncer à haute voix. Personne ne m'attends en haut ! C'est pas que cela me...frustre ! Je suis pas si mal que ça ici je trouve. Et puis, c'est pas comme si j'avais besoin qu'on me guide !

Finir, sur cette phrase, fierté, encore une fois, au mauvais moment, inutile. Alors que le début n'était pas si mal. C'était certainement vrai pourtant. Pour sortir, il ne devrait pas y avoir plus de problèmes que ça. *Même dans le noir ? Tu en es sûre ?* Une question, maintenant, alors qu'elle connait sa réponse, son envie. Celle de ne pas partir. Et elle ? Si elle le voulait, elle pourrait déjà ne plus être là. Redoutant la réponse, il s'avance pourtant.

- Et toi, quelqu'un t'attends là haut ? Les putes à Pompom ?

Dans la réflexion d'Ely, quelque chose frappe Nat'. Ne pas se plaindre d'être ici. Dans ce sous-sols lugubre et douteux ? Dans la réponse qu'il lui a faite, il est vrai qu'il peut y avoir une chose d'étrange. Il est vrai que cet endroit, à cet heure-ci, avec le ciel gris au dehors qui éclaire à peine, avec ces petites fenêtres crasseuse, comme s'il s'agissait là d'un ajout pour une ambiance particulière, c'est vrai, dans un sens, qui conviendrait à une secte secrète, comme dans les films. Enfin bref. Il ne relèvera pas, même si finalement sur ce point là, il rejoint l'avis d'Ely. Mais il n'en dira rien. *Je ne vais pas non plus te dire que tu as raison !* Parce qu'en réalité, elle n'avait eu qu'une partie de cette réponse. Le reste, il se gardera bien de lui dire. Lui dire qu'il était là, ou plutôt qu'il restait là, pas spécialement pour le charme accueillant de la pièce, mais pour autre chose, pour quelqu'un plutôt, avec un autre charme, différent. *Non* Il n'en dira rien, ne comprend pas non plus pourquoi il en est à penser de telle chose pour cette française. Il n'en dit rien, et elle ne se doute de rien, bien évidemment, l'enchainement de cette rencontre est en apparence bien loin de l'affection qu'il peut ressentir. Et ce n'est certainement pas plus mal comme ça. *Garde les pieds sur terre !* Elle est là, dans cette pièce, finalement proche, mais plus loin que ce soir là, quand ils étaient côte à côte. Et il a envie de ressentir cette proximité. Elle ne le regarde pas non plus, comme s'il n'existait pas, comme si elle se parlait à elle même. Ça, c'est frustrant.

Elle enchaîne, alors qui lui ne dit rien, pas un mot. Il la regarde toujours, alors que cette impression, qu'il n'existe pas à ses yeux le dérange. *Mais alors ? Tu t'en fous en vrai non ?* Elle se dévoile, ou n'est-ce qu'une illusion ? Elle parle, alors que la question ne Nat' n'appelait pas une réponse comme celle-ci. Mais inconsciemment, peut-être qu'il en attendait une comme ce qu'elle lui donne. Ne pas vouloir simplement le strict minimum, un échange de quelques mots, comme pour une fausse politesse, une manière d'avoir un contact plutôt rassurant, s'écartant de cette image de lui l'agressant. Non, il avait envie de savoir, d'en savoir plus sur elle. *Elle t'intéresse?* Auto-réflexion, s'imposant à lui, alors qu'il ne répondra pas à cette question. Il reprend le cours de la conversation, de la réponse d'Ely, l'écoute, alors qu'il la regarde toujours. Cette fois, il se repose à nouveau contre le mûr. Elle parle, d'elle. "Quand je suis vraiment moi". C'est ce qu'il veut savoir. Elle, qui elle est ? Pas ce qu'elle montre au monde, ce qu'elle est vraiment. Comme lui, a pu lui dire lors de cette soirée ce qu'il était, et non pas ce qu'il était seulement en apparence, pour ce monde, pour les autres gens, qu'il ne fréquente pas réellement non plus. Sauf cette bande, d'Austin. Il évite, lui aussi, et quand c'est impossible, il rejette, repousse, montre ce qu'il y a de plus désagréable en lui. Sauf, avec elle, devant lui. *On aurait presque des choses en commun dis donc !*

Il pourrait lui répondre, distant encore, froid, légèrement méchant. Lui dire un " Alors pourquoi tu ne m'évites pas moi ?" Mais encore une fois rien. Par peur peut-être de la voir partir face à cette réflexion. Peut-être pour ne pas entendre une réponse du genre "Parce qu'avec toi, je ne suis pas moi!", ou simplement, parce qu'il n'avait pas envie qu'elle l'évite. Étrangement. Sa présence avait quelque chose de plaisant. Il avait envie de la connaitre.

- Alors l'endroit n'est pas des plus déplaisants, ici à part moi, apparemment, il n'y a pas grand monde.

Sa bande d'Austin ? Ce n'était pas une grande bande, juste un groupe d'amis. En quantité, elle n'était pas des plus grandes. Et la qualité, il ne la jugeait pas. C'était ses amis, les seuls personnes avec qui il pouvait être. Même si devant eux, il n'était pas des plus vrais. Il était lui, c'était déjà ça. C'était aussi ce qu'il était devant Ely, où devant les autres rencontres, ici à Seattle. Ce jeune homme, avec ses airs loin d'être accueillant, rejetant et réussissant à avoir une quantité d'ennemis aussi rapidement qu'il pouvait vider une bière. C'était lui évidemment. Mais la partie, juste en surface. Et elle, Ely, elle avait eu un accès, à son "intérieur". Elle reprend, et lui, l'écoute. Ne donne aucune réponse, aucun commentaire sur ce Logan, ne cherche pas à savoir qui il est réellement. Cela l'importe peu. Ou encore une fois, une appréhension sur la réponse. *C'est idiot* Elle semble réellement sincère. Il plisse les yeux, essaye de comprendre. D'une certaine façon, cette révélation le satisfait. Et d'une autre façon, il semble un peu vexé.

- Et quoi alors ? Tu as cru que j'avais besoin de ta pitié peut-être ? Je sais pas ce que tu as cru ce soir là Ely, comme s'ils étaient maintenant des connaissances réglant leurs comptes mais j'étais pas dans un aussi sale état que ça ! *Et ce n'est pas comme si tu avait la véritable raison !*

Alors, instinctivement, il pense à cette photo dans son portefeuille, et à cette bague. A la nostalgie oui, d'Austin, et de sa bande d'amis. Et même si elle avait dit vraie à cet instant, il ne pouvait pas lui dire que oui, elle avait raison ! *Non* Il garde une protection, alors qu'encore une fois, il regrette l'emportement qu'il vient d'avoir. *Elle va te prendre pour qui ?*

Un canapé, un nettoyage sur ces vitres crasseuses, un peu de lumière, qu'importe, mettre un peu de vie dans l'une de ces pièces de ce sous-sols, l'idée n'était pas mauvaise. En faire un refuge. *C'est une idée, une bonne idée.* Un refuge, entre deux cours, ou pendant les cours. Tout dépend de l'interprétation que l'on donne justement à ces cours, et le degrés de risque à prendre au sein de cette université, qui n'as certainement pas besoin d'avoir sur sa liste une bande d'élève régulièrement absent pour les cours obligatoires. Forcement, il y avait certainement des risques à ne pas prendre, et que certains, ne prendrais pas. Mais si elle était ici, c'est certainement qu'une partie d'elle même devait être comme Nathan. *Et si c'était notre refuge ?* Là, peut-être qu'il rêve. Mais pourtant, ils se rejoignent, cette idée, d'un refuge, comme ce bâtiment désaffecté à la limite d'Austin. Sauf que là, il s'agissait des sous-sols, et que les risques étaient sans doutes plus grand. Il ne sait pas si elle est réellement sérieuse, et pourtant, pour lui, l'idée était valable. Seul, l'endroit n'est pas des plus agréables pour un isolement. C'est comme dans les films, le repère d'un psychopathe. A plusieurs, cet endroit peut rapidement devenir un endroit avec tant de souvenirs et de bons moments, si le décors n'est pas la principale préoccupation des squatteurs. *Mais toi, tu es seul !* "Alone in the dark", ça pouvait être ça les moments de Nat' ici ! Pourtant, aucune réponse, il ne confirmera pas l'idée d'Ely. Il ne fallait pas paraitre dans l'attente de quelque chose, comme une invitation, faisant l'aumône de quelque chose. Le silence tient lieu de réponse, alors que déjà il s'imagine ici, en sa compagnie. *Stop !*


Il est encore dans une démonstration de son mauvais caractère, de ce rejet, de cette protection qu'il s'impose. Elle n'était pas cette étrangère de passage, elle était étudiante ici. C'était pour lui une inconnue. Cette pitié, il n'en voulait pas, comme celle qu'on lui proposer après le drame, pendant tant de temps, ces faux amis, venant vers lui, les gens, s'intéressant soudainement à lui alors qu'il ne connaissait même pas leur existence. *Non* A cette époque, encore une fois, il n'y avait que sa bande qui était toujours la même, et son seul point de chute. Et même si Ely, ne connaissait nullement cette partie de son histoire, il avait eu soudainement l'impression qu'elle était venue vers lui par pitié. Alors que ce n'était certainement pas le cas. *Mais qu'est ce qui m'arrive* Il était en colère. Cette colère, certainement incompréhensible pour elle. Déjà elle lui répond, aussi sèchement, le semblant de paix qui semblait s'être installer entre eux venait de disparaitre. Elle lui affirme, que non. *Vraiment ? Alors pourquoi ?* Il ne comprends pourquoi, pourquoi cette venue, pour cette soirée, ces mensonges. Parce qu'il était dans un sale état ? Alors, pitié ? Il s'agace de cette situation, alors qu'elle l'accuse, d'être pire à cet instant. Il se redresse. Et toutes ces questions, qu'elle lance, comme ça. Des questions, auxquelles il pourrait répondre.

- Encore pire là ? Mais tu ne sais pas de quoi tu parles ! Il s'emporte. Cette soirée, elle était pas mauvaise si tu veux tout savoir, mais elle est fausse, puisque j'avais avec moi quelqu'un de faux ! Il s'avance, quelques pas. Tu veux savoir ? Pour ton égo ? Moi je ne joue pas. Et te revoir, ce n'est pas ce qu'il y a eu de pire dans ma vie !

Elle est là contre cette porte. Lui, s'approche, non pas d'elle, de cette porte. Elle ne le retiens pas. Il a cette sensation étrange. Il voulait la connaitre, en savoir plus. Mais il décide de partir, à contre cœur presque, une lutte interne, une partie de lui voulant être là, et l'autre, sa colère, le poussant à partir. *Elle se débrouillera dans ces sous-sols.* Mais elle reprend, semble plus calme. Un reproche. Comme si elle s'intéressait à ce que le jeune homme pouvait avoir comme jugement sur elle. Il lui en avait déjà donné un aperçu. Même si au fond, ce n'était pas l'image qu'il avait d'elle. Non, il ne la connait pas. Pas comme il le voudrait. Il connait juste d'elle un mensonge. Il traverse la porte, oubliant là sa pochette, sur ce canapé. Elle, reprend, à son passage auprès d'elle, alors que sa voix, plus douce, l'interpelle. A l'extérieur de cette pièce, il s'arrête un instant. Il ne comprend pas, plus, plus rien. *Parce que ça te dérangerait ?* Il reste un instant, à l'extérieur toujours. De l'autre côté, un silence. Personne ne bouge. Que faire ? Lui dire, que c'était faux, qu'il voulait le savoir tout ça, ou partir. Et si encore une fois, pour elle, ce n'était qu'un jeu ? Il fait demi-tour, retourne dans cette pièce où elle est toujours contre le mûr. Il se plante devant elle, alors que sa main, violemment rejoint le mûr, au niveau du visage de la jeune femme.

- A quoi tu joues ? Il plonge ses yeux dans les siens, qu'il aperçoit, si bleu. Tu veux me faire tourner en rond ? Je ne juge que ce que tu me montres ! Qu'est ce qui te dit que je ne veux pas savoir ? Parce que ça t'intéresse, où c'est juste parce que ça t'amuse ? Sa main quitte le mûr, puis y retourne, aussi violemment que la première fois, alors que son regard la défi, et sa voix, résonne dans cette pièce. Mais bon sang ! Si j'te dis que ça m'intéresse, tu va encore me mentir ?

Dans sa voix, de la colère. Dans ses yeux, un sentiment étrange. Et dans un geste, qu'il ne semble pas contrôler, sa main quitte le mûr, pour rejoindre le visage d'Ely, tandis que son autre main la rapproche de lui, tout ce geste, en un éclair, s'exécute parfaitement, ne laissant pas véritablement à Ely le temps de la réaction. Son visage s'approche alors du sien, et dans un geste, mélangeant fougue et passion, il dépose ses lèvres contre les siennes pour un baiser laissant place au silence. Intérieurement, il bouillonne, mélange de colère et de passion, dans ce geste incompréhensible.

Un instant, il a l'impression que ses pieds quittent le sol, que son cœur fait une course contre lui même tellement il peut le sentir battre, alors que sa colère lui donne l'impression de disparaitre, alors qu'il ne comprend pas ce qui se passe dans cette pièce. Pièce qu'il oublie d'ailleurs à l'instant même où ses lèvres touches les siennes dans un enchainement qu'il n'explique pas. Sentir le corps d'Ely, et un instant, croire qu'elle lui rend ce geste, alors que lui n'est même pas certains d'être à l'origine de cela. Et pourtant, et pourtant, quelque chose lui dit que peu importe qui en est à l'origine, il ressent à cet instant bien autre chose que de la distance et du rejet. De lui-même principalement, ce rapprochement soudain, physique, comme une traduction des émotions qu'il avait eu depuis ce soir là, et depuis qu'il savait qu'elle était encore là, que tout n'avait été pour l'instant que mensonge. *Peut-être fiancée ?* Finalement, peu d'importance, alors que les mains de Nath' s'empare de ce corps qu'il voudrait encore plus contre lui. "Yeah, it's plain to see, That baby you're beautiful, And it's nothing wrong with you" C'est ce qu'il pouvait ressentir à cet instant, et cette impression, qu'elle lui rend cette étreinte, lui donne encore plus de mal à garder ses pieds sur terre. Mais, aussi rapidement qu'il avait eu ce geste pour elle, il retrouva la terre ferme, avec cette sensation de se briser les jambes au sol. *Rêve pas !*

Une douleur, ce n'est plus son cœur le centre de son être à ce moment là, mais son système nerveux, et cette zone particulière du cerveau qui vous dit, "attention, ça va faire mal !" Et oui, deux gestes d'Ely, et il retrouve cet endroit sombre et glauque. Passion et fougue, qui se brisent avec cette douleur. Oh comme cette zone semble sensible à cet instant, presque aussi mal qu'un mauvais coup de poings, alors que déjà il sent un liquide chaud sur cette lèvre. Elle le repousse de ses deux petites mains. Mais ce geste est bien dérisoire, alors qu'il s'écarte déjà, presque de lui même, cette douleur étant suffisante pour comprendre. *Message reçus !* Il recule d'un pas, puis d'un deuxième. Son regard dans le sien. Il ne comprend pas réellement ce qu'il vient d'y avoir. Instinctivement, il porte sa main à sa lèvre, et sur ses doigts, une trace de sang. Elle semble en colère maintenant, alors que sa voix brise le silence ambiant, qui donne à ce lieu une touche encore plus...vous savez, comme dans les films où la jeune étudiante ce fait tuer dans les sous-sols par un autre élève psychopathe ! *Un sérieux problème oui.* "I'ts me, I'm a freak" La suite, pourtant, le reste de cette chanson, qu'étrangement il retrouve en tête, est ici inexistante. *Et alors ?* Même si la colère d'Ely, et cette phrase, marquant son mécontentement, comme si les gestes n'avaient pas suffit, avait eu pour don de remettre Nathan les pieds dans cette pièce, il n'en restait pour le moins, pas totalement défait de cette émotion étrange l'entravant. Un sentiment, qu'il n'explique pas, et c'est certainement mieux ainsi. *N'est-ce pas ?* Il ne répond pas. Certaine chose ne se soigne pas. Et là, il croit, qu'elle va partir. Et ce sentiment, encore plus fort, s'accompagne de cette déception. *Attend, on recommence, et je ne t'agresse pas, je ne t'embrasse pas non plus !* Comme s'il était dans ses habitudes de retenir les gens. Même si là, il le voudrait.



*Reste* Elle ne part pas, elle est encore là, et se retourne vers lui. Encore une fois, quelque chose change. C'était un peu leur attitude qui faisait du yoyo depuis ces retrouvailles à vrai dire. Il ne comprend pas trop, plus trop. Ce baiser venait de faire disparaitre la colère qu'il avait eu juste avant. Il lui faut un temps pour comprendre. Dans la forme, pas dans le fond.

- ...

Encore une fois, il reste muet. Au fond de lui, il est d'une certaine façon content d'apprendre qu'elle ne joue pas. C'est peut-être un bon début. Mais pourtant, cela n'engage à rien. Elle pourrait dire cela, et partir, sans jamais la revoir. Ça non plus ce n'était pas un jeu. Il a toujours son regard sur elle. A cet instant, un mélange d'incompréhension, et toujours cette autre marque, qu'il ne saurait décrire. *Peur ?* Ce n'était pas son but. Pas son envie. Même si cette image qu'il pouvait faire paraitre devant les autres, même s'il aimer à parfois à voir cette crainte que les autres avaient, à sa vue, et celle de sa bande, si tout cela ne lui déplaisait pas, ne le dérangeait pas surtout, parce qu'il n'avait rien à faire avec ces gens là, avec elle, c'était différent. Il ne voulait pas la voir au loin, prendre peur de qui il était dans ces apparences. Il ne voulait pas, que par cette image, ce soit elle, qui le rejète. *Mais qu'est-ce qui m'arrive* Des yeux, il suit sa main, qui retombe le long de son corps. Et il ressent comme un appel. Celui de lui prendre sa main, pour l'attirer à nouveau à lui. Mais il n'en est rien. Il recule légèrement, et s'adosse, cette fois-ci, à ce canapé.

Et la suite. Comme une proposition. Et ce rappelle de cette lèvre. Inutile, puisque la douleur le lance encore, alors qu'il porte à nouveau sa main sur ses lèvres. Mais elle se retourne. *Elle part ?* Une chose à faire, la retenir. Mais, si elle partait ? Alors, rapidement, il répond, comme s'il avait peur de la voir partir. Et ce, " ça m'intéresse", se transforma en..

- Tu m'intéresse.

Il l'observe. Aura t'il l'occasion de revoir son visage.

Elle est encore là dans cette pièce. Et maintenant, la distance qui les sépares semble encore plus difficile pour Nathan, après ce contact, au final douloureux, mais qui pourtant, pendant un instant, fut des plus étrangement agréable. *C'est interdit ça.* Comme un rappel, de cette interdiction, qu'il s'était lui même imposé, après la mort d'Emma. A cet instant, cela lui revient. Et pourtant, il ne comprend pas ce qu'il lui arrive, mais il sait, que ce qui se passe, et en train de bouleverser ce qu'il s'impose depuis ces années. Il est toujours en colère, contre elle, parce qu'elle a ce pouvoir, sur lui. Parce qu'elle est la cause de tout cela, et de toutes ces émotions qui ce joue maintenant en lui, le tiraillant. Et pourtant, elle est innocente dans tout cela. Et elle lui inspire toujours autant d'affection, d'attirance. Il n'explique pas, cette attirance, qu'il a maintenant pour elle. Cette attirance, qui n'était pas des plus marquantes lors de cette première rencontre. Mais finalement, ce n'était pas elle à ce moment là. Mais maintenant, elle était là, et elle semblait plus réelle, et l'attirance, plus marquante maintenant. Rien n'était simple à ce moment. Des voltes face, changement brusque. *Qu'avait t'elle en tête maintenant ?* Même lui était assez perturbé de son comportement. Pourtant, c'était lui, dans un condensé certes, mais c'était lui. Colérique, agressif avec certains, et pourtant, une douceur était présente à l'intérieur de lui même pour Ely. Parce qu'une partie de lui pouvait lui dire "je te déteste" et une autre, avoir un sentiment contraire, plutôt déstabilisant. *Soigne toi Nath' !*

Elle prend la parole. Non, elle ne partira pas. Et c'était comme un soulagement pour lui, même s'il attendait maintenant de voir ce qu'il pourrait sortir de sa bouche. Il la regarde, et ne sais trop ce qu'elle fait en retour. La distance, le sombre de la pièce. Il voudrait la prendre dans ses bras. Frustration là oui. Avoir eu ce contact, un instant, et puis ce rejet, alors que dans sa tête, il se rejoue la scène. *Et tu t'attendais à quoi ?* Il avait eu une réponse, à cet approche, qui certes, n'était pas fait dans les règles de l'art, mais tout de même. Ce fut comme une réponse, inconsciente, brutale, à cette envie de ressentir ce contact. Mais maintenant ? Même s'il avait cette envie, encore plus forte qu'avant. Retrouvant ses esprits, peu à peu, il prenait évidemment conscience qu'il ne tenterait pas à nouveau le coup. *Raisonnable ! Et puis, à quoi bon ?* Toujours cette lutte, alors qu'il refoule une partie de lui même, et ne cherche que le rejet, contre elle, mais qui ne vient pas. Non, parce qu'il sait, que ce désir de rejet envers elle, n'est dû qu'à cette peur qu'il ressent. Il revient là, son attention se porte sur elle. Sur elle, alors qu'elle prononce ce mot, "marché". Interrogation, alors qu'il attend la suite. Ne comprend pas, encore. *C'est quoi ce jeu ?*

La suite, est encore plus incompréhensible. Ce qu'elle lui propose. C'est un peu à contre courant, de ce qu'il se passe. Ou non, pas spécialement. Des changements, noir, blanc. Pour, contre. Là, elle ne parle que d'elle. Car il est évident qu'il ne pouvait en faire de même. *Pourquoi ?* Cette proposition. *C'est quoi ce jeu ?* Il ne bouge pas, de son canapé. Pourtant, en la voyant devant lui, il a juste une envie, encore, la prendre dans ses bras. *Mais arrête !* Il la regarde. Là, de ce canapé. Dans le sombre de cette pièce, il ne comprend rien.

- Fais toi soigner t'as un sérieux problème ! Sèchement. Mots pour mots, il répète, la cite. Pourtant, cette idée semble des plus intéressante, et qui ne dirait pas oui à ce genre de proposition ? Il voulait savoir tellement de chose sur elle.

- Dis moi juste, qu'est-ce que tu veux ? Je veux dire là, pourquoi t'es encore dans ce sous-sols avec un type comme moi ?

Pour le coup, il espère, qu'elle sera franche. Elle venait, en même temps de s'y engager. Il se lève de ce canapé, lui tourne le dos maintenant. Non, vraiment, il n'aime pas ce qu'il lui semble ressentir pour elle. Ces envies, ces pulsions.

Il attend les réponses. Oui il attend. A dire vrai, c'est un peu le marché non ? *Tout ce que je veux savoir ?* Il ne demande pas grand chose non. De toute manière, est-ce qu'elle sera réellement des plus franches ? Il le voudrait tellement, pour ces questions là. C'est un début. Reprendre les choses dans l'ordre. Finalement, la première chose qu'une autre aurait fait à sa place, en subissant cette semi-agression, dans un sous-sols sombre, c'était prendre la fuite. Mais elle, non. Au contraire. Comme si tout deux avaient cette intention d'être là, tant que l'autre le sera. Ouvrir une discussion, une explication. Certes il y avait déjà eu cette première rencontre. Mais ce n'était pas une raison pour rester dans un endroit loin de tous regards avec une personne qui vous agresse au premier détour de couloir. *Quand on y pense, tu es cinglé oui.* Il attend, cette réponse. La vérité. Son dos est face à elle. Il fuit son image, son visage. Non par envie, mais c'était peut-être nécessaire, pour ne pas à nouveau revenir à la recherche d'un contact. Mais la première phrase qu'il entend derrière lui, de cette bouche qui l'appelle, c'est une autre question, avant tout. Sarcasme. Arrogance. Il déteste, il déteste, parce que plus elle agit ainsi, plus elle l'agace, mais plus il est attiré à elle. *Un problème ?* L'admettre, non. Ce n'était pas ça. Pour lui, il n'avait pas de problème. C'était certainement mieux de croire cela. Et même s'il en avait un *Cela te regarde en quoi ?* Un type comme lui.

- J'ai aucun problème, lui lance t'il tout aussi sèchement que précédemment. Pourquoi, ça te plairait tant que ça ?! C'est plus facile pour faire preuve de pitié peut-être ?

Encore une fois, chaque mots semblent sortir seul, dépassant ses pensées. Il répond, agressif, mais n'attend aucune réponse pourtant. Il s'agit juste d'un réflexe. Réflexe protecteur, où l'attaque et la meilleure défense. Défense, qu'il regrette. Elle est là derrière lui, l'observe peut-être, il entend ses pas. Et lui, ne lui montre pas ce qu'il voudrait pourtant. Cette pièce n'est plus la même qu'au début. Quelque chose change. Elle reprend. Sa voix, est sèche. Défense ? Alors qu'elle semble répondre à la question. Et dans cette réponse pourtant, elle l'attaque encore. Mais elle a raison. Ce qu'il est là à cet instant est à la limite de ce qu'elle décrit. Ce qu'elle voudrait, il le veut aussi. Même si honnêtement, la raison de cela lui reste étrange. Un sentiment, qu'il connait pourtant, mais qu'il refoule. Aucun son, encore une fois. Elle est là, dans cette pièce, et elle se retourne. Sa tête à lui, se tourne vers elle, également. Comme s'il y avait eu un appel. Mais rien non. *Ma raison ?* Ce n'était pas une question, en apparence. Mais en apparence seulement. S'il pouvait réellement voir la lueur de ses yeux, il y aurait surement une pointe d'interrogation. S'intéresse t'elle vraiment à cela, à la raison qui le pousse lui à être ici ? Cette raison que même lui ignore certainement. Mais dans la voix d'Ely, il y a comme quelque chose de loin. Comme si finalement, tout cela n'était pas réellement d'un intérêt véritable pour elle.

- Je..

Sa phrase ne se termine pas. Non. Il essaye de reprendre le dessus. *tu as failli m'avoir.* Il ne s'agit pas de lui là, maintenant. Non, c'était d'elle. C'était elle qui voulait être franche et honnête, dire la vérité, parce que Nathan voulait la savoir. *Tu m'intéresse* Même pour lui, cet intérêt est difficile à comprendre. Ou alors, il ne voulait pas comprendre. Mais encore, pourquoi ? Il ne comprend plus, ne se comprend plus. Il ne répondra pas à cette question qu'elle voile sous sa réponse. Et pour lui, cette réponse, ne semble pas des plus valables. Pourtant, elle pourrait l'être, parce que même lui pourrait dire la même chose. La situation le dépasse. Et il ne semble pas le seul à être dans cet état.

- Alors, attends.

Il est plus calme, alors qu'il se retourne vers elle, complètement, un pas de plus vers elle. Mais il stoppe sa route. Ne pas être plus proche, malgré cette envie qui lui brûle le corps, comme si le seul remède était d'être tout contre elle. Il lève un doigt vers elle. Presque accusateur. Il veut savoir autre chose.

- Qu'est ce qui change là ? Pourquoi l'autre soir, tu ne voulais pas que je te vois comme tu es ? Et pourquoi maintenant, ça change ?

Il est face à elle, alors que son doigt se baisse. Il y a cet espace entre eux, cet espace, qu'il aimerait tant voir réduit, voir disparaitre même. Un contact, physique, non plus brutale, plus délicat, tendre. Tout cela ne lui ressemble pas pourtant. Toutes ces choses, qu'il n'a était capable d'offrir qu'à une seule personne. Maintenant, il avait ce sentiment, de vouloir lui offrir à elle, sans toujours en savoir la raison. *Mais pourquoi ?* Dans sa tête, plus rien ne semble droit. En effet, à cet instant, dans sa tête, il a l'impression d'être bi-polaire. Extérieurement, il essaye, ne montre rien. *Parce que toi, tu veux quoi ?* Il est perdu. Il est perdu, et pour lui, il lui semble qu'il n'y a qu'une solution, pour sortir de cet état. Prendre la main d'Ely, et partir. *Tu pètes un câble Nath là !* Idée, certainement folle, idiote oui. Pourtant, il ne contrôle plus son imagination, et visualise cette scène. *Claques dans la gueule oui !* Sa lèvre le lance, comme un rappel physique, lui rappelant les effets d'un rapprochement avec cette fille. Il la déteste. Non, c'est autre chose. Ce n'est pas de la haine pour elle. Mais quelque chose, qui semble plus noble. Tout cela ne lui ressemble réellement pas. Dans d'autres situations, il se voyait déjà partir depuis longtemps. Dans d'autres situations, avec d'autres personnes. Mais là, c'était elle. Elle, et il y avait quelque chose de différent, d'inexplicable, que la raison n'explique pas, que la raison ignore.

La lumière, semble décroitre, un peu plus, dans cette pièce. Où est-ce juste une impression, une image dans son cerveau, pour lui faire comprendre que c'est elle peut-être qui s'éloigne. Et qu'elle était la seule raison finalement de sa présence ici. Et que sans elle, plus de lumière. *Je suis définitivement en train de devenir fou !* Qu'est ce qui change, oui réellement. C'était sa question, et il est là, ne bouge pas, malgré cette attirance qu'il ressent. Comme une attraction, comme si elle pouvait être son centre de gravité. Là sur ses deux jambes, il a l'impression de lutter contre lui même. Il attend, cette réponse, alors qu'elle ouvre sa bouche. Sa voix, lui semble être une mélodie agréable à l'oreille. Le chant d'une sirène l'entrainant vers le rivage. *Oulà. Pose ta consommation !* Elle parle. Elle parle. Et ça, encore ça l'agace, parce que ce qu'elle dit, il ne le comprend pas. Cette psychologie féminine, vraiment, c'est loin de son monde. Il la laisse. Et encore, elle termine, par cette supposition. Ou comment prêcher le faux pour savoir le vrai. Il s'avance encore d'un pas. Analyse.

- Non, vraiment, je ne comprends pas.

Parce que c'était vraiment le cas. Elle aussi doit-être bi-polaire, et il ne sais pas sur quel pied la prendre. Il se perd, et ne sais finalement pas ce qu'elle veux. Il laisse un temps de silence. Puis reprend.

- Mais à la base, je t'intéresse pas ? Là, ce qui te gêne au juste, c'est que je suis ici, alors finalement, c'est un peu regrettable pour tes petits jeux ! Parce qu'arrête moi si je me trompes, mais la première chose que je t'inspire, c'est juste une bonne soirée, pour un mensonge ?

Et là, c'est le drame. Ses propos ne lui semble pas plus cohérent à lui qu'il le sont certainement pour elle. Ou comment Ely déteins sur lui en si peu de temps.

- Parce que, tu n'aurais pas insisté ? Tu serais partie ? Alors du coup, c'est moi qui suis totalement inintéressant ! Mon seul intérêt, c'était quoi moi justement ? Ton divertissement du mercredi soir ?

Et là, dans sa tête, *Générique du film du mercredi soir*. Encore une fois, il se demande ce que contenait réellement cette cigarette. Ou alors, c'est elle qui lui fait tourner la tête. *Mais au juste, ça me fait quoi moi d'être inintéressant pour elle ?*

Il l'attaque, encore et encore. Alors qu'elle est là, presque repliée sur elle même. Il s'approche encore. Et là, il sent sa présence. Il reste un geste pour l'avoir dans ses bras. Pour avoir à nouveau ce contact. Mais il n'en est rien. Il y a comme un moment de flottement à cet instant. Comme une hésitation. Parce que oui, il hésite. Il hésite, de la prendre dans ses bras, réellement, une nouvelle fois. De prendre ce risque du contact. C'était une façon, une façon de lui répondre. De lui dire, oui, que lui aussi avait envie de cela. D'être là, avec elle. Et pas seulement maintenant non. Il ne se l'avouera pas à lui même, alors pourquoi il devrait lui dire à elle ? Pourtant, c'est ce qu'elle venait de faire. Et, il avait eu l'impression, que ce n'était pas forcement son habitude de réagir comme ça. Comme si là, devant lui, pour lui, elle avait fait un effort. Il voudrait en faire de même. En être capable là. Mais s'il n'avait pas compris. Non, il ne se rapproche pas plus. Pourtant, il est là, à quelques centimètres. *J'ai envie aussi* Alors, il réagit, tout autrement. Comme une provocation. Il veut voir, sa réaction.

- Tu sais quoi ? Apparemment, tu es bien sûr de toi là. Parce que tu crois que je m'en fous ? Tu me connais mal en faite. Et c'est con, parce que ça ne devrait pas me gêner autant.

Et sur ses dires, il détourne son regard d'elle, et passe, à ses côtés, pour ressortir de cette pièce. Alors qu'il regrette déjà. Ne voulant pas réellement partir.

Avoir de l'intérêt pour lui. Cette phrase, il lui semble inutile de répondre. Comme régulièrement, quand la réponse implique certainement de se découvrir un peu plus. Parce que là, oui, s'il répondait, il devrait se découvrir encore. Et lui dire, que non, étrangement, cette révélation lui donne un sentiment étrange. Que si elle porte de l'intérêt pour lui, c'est que quelque part, à ses yeux, il existe. Il existe, et c'est déjà ça. Car oui, c'est ce qu'il voudrait. Même étrangement plus. Avoir de l'importance. C'est ce qu'il a l'impression de vouloir au fond de lui. Et ce sentiment, a un goût étrange. Il ne dira rien non. Il ne lui dira pas à son tour, qu'il veut tout ce qu'elle veut. Parce qu'apparemment, soit elle ne le connaissait pas réellement, et qu'elle n'avait pas vu dans tout ce qui ce jouer ici, entre eux, cette atmosphère, et cet intérêt qu'il avait pour elle, qui pourtant à lui, lui sembler être visible à des kilomètres à la ronde. Il le pense, et ne le dira pas. Il commence à partir, et pourtant, il ne le veut pas réellement, bien au contraire. Peut-être que cela n'est qu'un test, qu'il lui lance, pour voir si elle dira quelque chose d'autre, une chose supplémentaire, se dévoilant un peu plus. Peut-être qu'il veut un signe d'elle, tout simplement. Certainement que tout cela n'arrivera pas. C'est le moyen, de savoir, ce qu'elle désire réellement. Faire le tri dans toutes ces phrases, les reproches, les accusations, l'arrogance. Il est là, et va partir.

Est-ce seulement son imagination qui lui fait sentir cette main qui se pose sur son bras ? Son imagination qui répond simplement à son désir de la sentir, de sentir ce geste qui l'arrête, parce que oui il stoppe. De sentir cette main, sur son bras, l'espace d'un instant, et d'avoir se frisson. Son visage se retourne vers elle. Non pas de colère dans ses yeux. Mais il a l'impression de ressentir cette même lueur, qu'il avait déjà eu pour elle. Ce désir, encore plus fort, de venir la prendre dans ses bras, de la rejoindre. Il a l'impression que ce geste, alors qu'elle le retient, signifie qu'elle aussi le voudrait. *Je ne veux pas partir* C'était une certitude. La main d'Ely sur son bras, ce geste, pour le retenir, fut comme un soulagement pour Nathan. Soulagement, car il n'avait pas besoin de revenir sur ses pas, et de lui montrer réellement qu'il ne voulait pas partir. Qu'il avait juste eu besoin de ce test. Qu'il avait juste besoin d'être rassuré. Elle n'avait pas envie, pas envie de le voir partir. Ces mots résonnent dans la tête du jeune homme. Il lui semble comprendre. Non pas tout. Mais cette phrase. C'était finalement juste ce qu'il voulait entendre. C'était la seule chose peut-être qui avait une réelle importance, qu'il voulait savoir. Il lâche, doucement, dans un son à peine audible, comme pour le dire, et pourtant, sans réellement vouloir qu'elle l'entende. Cette protection.

- J'ai pas envie de partir.

Mais déjà il ne comprend plus, alors qu'il se retourne vers elle. Elle est là. L'arrête, mais recule maintenant, à nouveau. Que croire maintenant. Il serait là encore, presque à regretter ce qu'il venait d'avouer. La suite, un goût de déjà vu. Déjà entendu. *Tu m'intéresses* Comment le prendre, encore. Dans sa bouche, il avait eu l'impression d'être plus claire. Mais là, encore une fois, totalement perdu. Pendant un instant, il avait presque espéré que ses pieds quittent à nouveau la terre ferme. Et là, pourtant, il est là. Il plonge son regard dans celui d'Ely, dans ce que l'obscurité lui permet de voir.

- Je t'intéresse ?

Va savoir ici, s'il s'agit d'en être bien sûr, qu'elle répète cette phrase, l'entendre à nouveau. Ou s'il s'agit de comprendre. Il l'observe, l'interroge. *Dis moi quelque chose !* Il a l'impression d'être dans un de ces jeux, où chacun se cherche, un cache cache qui lui semble presque sentimental là. Un cache cache qui ne semble pas prendre fin. *Barre toi Nathan !* Une partie de lui, lui dit de partir, "n'insiste pas, elle joue", et l'autre pourtant, toujours dans ce tourbillon. Un centre de gravité, qui là, vient de faire un pas en arrière. Il lève sa main vers elle, comme pour lui dire par ce geste "chut, ne dis rien". Il prend un instant.

- On a un problème là je crois.

Alors, il s'avance vers elle, et à nouveau l'attrape, pour rejoindre ce mûr, non loin de là. Son corps ce colle au sien. Frisson, décharge. Il ressent sa chaleur, son souffle. Déstabilisant. Son visage est à quelques centimètres de celui d'Ely. Son regard, plonge dans le sien. Il garde une main, sur les hanches de la jeune femme. Son autre main, retourne sur ce mûr. Il l'emprisonne.

- Qu'est ce que tu veux au juste ?